Ce film tout récent raconte l'histoire vraie d'un groupe de résistants d'origine étrangère (Arméniens, Polonais...) qui lutte contre l'occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale. A leur tête, un poète arménien nommé Missak Manoukian qui, malgré lui, doit apprendre à manier les armes.
Manouchian nous a laissé quelques poèmes méconnus, comme ces quelques vers qu'il récite dans le film :
Un charmant petit enfant
A songé toute une nuit durant
Qu’il fera à l’aube pourpre et douce
Des bouquets de roses.
De retour au collège, les élèves étudieront, dans la continuité du film, des textes de poètes engagés, dont notamment Aragon et Eluard, tous deux résistants pendant la seconde guerre mondiale comme Manouchian.
Voici pour terminer un poème d'Aragon qui évoque l'affiche rouge qui conclut tragiquement le destin du groupe Manouchian :
L’Affiche rouge
Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans.
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents.
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.
Adieu la peine et le plaisir adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
(Louis Aragon, Le roman inachevé, 1956.)